Soutenir les moyens de subsistance durables dans les zones pastorales de Tabelot
"J'ai vécu les dernières inondations avec tristesse et amertume. J'ai perdu tout mon bétail, à cause de l'apparition d'une maladie épizootique causée par les inondations, mes biens et autres ustensiles ménagers ainsi que mes stocks de nourriture", raconte Balala Hassane.
Balala Hassane est une femme malvoyante de 45 ans. Elle vit dans la commune de Tabelot, située à 150 kilomètres à l'est de la ville d'Agadez sur la principale route de migration vers Dirkou. Son mari est agent de police municipale à la frontière avec la Libye. Ses revenus ne lui permettent pas de subvenir aux besoins de sa famille. Balala doit donc pourvoir aux besoins de ses trois enfants et de la famille de sa sœur.
"Avec mon handicap et mon mari absent, je ne savais pas quoi faire pour nourrir mes enfants et ceux de ma sœur. J'ai donc commencé à faire de l'élevage en 2019, ce qui m'a soutenue pour gagner ma vie", explique Balala.
En juillet 2021, pendant la saison des pluies, Tabelot a été affecté par de fortes inondations et une épizootie qui a dévasté le bétail de plusieurs ménages.
Ce phénomène vient comme un "coup de grâce" pour Balala et d'autres familles de Tabelot dont beaucoup ont perdu leur source de revenus après l'adoption de la loi n°36 en 2015 criminalisant le trafic de migrants et la migration irrégulière. La commune, dépendait fortement des revenus générés par les activités liées aux abondants flux migratoires passant par Tabelot à la montée et à la descente de Libye, comme le secteur de l'hôtellerie. De nombreux habitants se sont reconvertis dans l'agriculture, le commerce et l'élevage, leur permettant de répondre aux besoins primaires, tels que l'alimentation, la santé et l'éducation.
C'est pourquoi, en juillet 2021, les autorités locales ont demandé le soutien de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) pour les ménages touchés par les inondations. L'Organisation est déjà très active dans la région grâce à son programme de stabilisation communautaire qui est mis en œuvre en étroite collaboration avec les autorités locales, les chefs traditionnels et d'autres membres de la communauté.
En août 2021, l'OIM a fourni 600 moutons et chèvres à 100 personnes vulnérables, dont 50 femmes. Ce soutien visait spécifiquement les femmes et les jeunes sans emploi et les personnes vivant avec un handicap.
" J'ai reçu quatre chèvres, une brebis et un bélier ", a déclaré Balala, qui a bénéficié de cette initiative. "Ce bétail me permet de produire du lait que je peux vendre."
"Il est important de continuer à aider les communautés vulnérables qui ont été affectées par les changements dans les lois sur la migration ", déclare Barbara Rijks, Cheffe de mission de l'OIM au Niger. " Nous travaillons en étroite collaboration avec les autorités et les communautés pour restaurer leurs moyens de subsistance à moyen et long terme. De cette façon, nous espérons que les communautés locales seront bientôt à nouveau prospères et suffisamment indépendantes."
Dans la région d'Agadez, l'OIM met en œuvre depuis 2017 son programme de stabilisation communautaire qui vise à améliorer la résilience des communautés et la cohésion sociale, à consolider la paix par des mécanismes de dialogue et à améliorer l'accès des populations aux opportunités économiques.
Cet appui a été réalisé dans le cadre de l'Initiative conjointe UE-OIM pour la protection et la réintégration des migrants financée par le Fonds fiduciaire de l'Union européenne pour l'Afrique.