Amadou Seydi est né et a grandi à Guiré Yero, une commune du département de Kolda, au Sénégal. Le divorce de ses parents, survenu un an après sa naissance, bouleverse son existence. Le garçon grandit auprès de sa mère et d'un beau-père, qui l'envoie travailler au champ, alors qu'Amadou rêve de pouvoir se rendre en salle de classe. Las de cette situation, il quitte la maison familiale à 14 ans, avec la complicité de sa mère

Arrivé à Dakar, il réalise rapidement qu'il doit apprendre un métier pour gagner sa vie. Il choisit de travailler dans le secteur de la plomberie. Guidé par un maître plombier bienveillant, Amadou progresse aisément dans son apprentissage. Toutefois, ses maigres revenus, le coût de la vie et la responsabilité d'aider sa mère préoccupent l'adolescent. Malgré son travail, il n’est pas en mesure de vivre décemment et soutenir sa famille : "L’argent que je percevais ne couvrait pas tous mes besoins et parfois j’étais obligé de faire de l’auto-stop auprès des chauffeurs de bennes à ordures. »

Attiré par les histoires entendues sur des possibilités de travail en Libye, Amadou décide de quitter le Sénégal.

Le jeune homme traverse successivement le Mali, le Burkina Faso, le Niger avant d'arriver à Sebha, une ville du Sud-Ouest libyen. Les choses commencent à se stabiliser un peu pour lui.

"Je comprenais la langue et j’avais beaucoup de clients. Toutefois, certains refusaient de me payer. Et lorsque je réclamais mon dû, ils m’injuriaient ou bien me frappaient violemment", précise-t-il. 

Durant trois ans, il travaille dans une entreprise de plomberie ce qui lui permet de soutenir financièrement ses proches : "J’envoyais chaque mois à ma famille une somme afin qu’ils règlent certaines charges. Lors de la fête de Tabaski, j’envoyais également de l’argent pour l’achat d'un mouton".

La crise sociopolitique, qui frappe la Lybie contraint le jeune homme à chercher de nouvelles opportunités pour s'en sortir. Il décide de retourner au Sénégal et quitte la Lybie en janvier 2018 via le programme d’aide au retour volontaire et à la réintégration (AVRR). Il est l'un des premiers migrants de retour au Sénégal a bénéficié de cette assistance.

À son arrivée, Amadou participe à des sessions d'écoute et de conseils qui lui permettent de confirmer son projet de réintégration professionnel. Avec énormément d'enthousiasme, le jeune homme choisit de poursuivre le métier de plombier qui le passionne.

Son profil est très vite remarqué par l'OIM qui lui propose de prendre part à une formation en construction de mini-forage domestique amélioré, via l’ONG AIDA. Durant 15 jours, Amadou, qui rêvait plus jeune d'aller à l'école, prend part avec intérêt aux cours dispensés par l'ONG AIDA. Son implication est récompensée, car le jour de la remise des diplômes, il est désigné major de sa promotion. Le jeune homme ne cache pas sa joie à l'évocation de ce moment, « J’étais très heureux. Je me suis dit que ma détermination avait payé, car j’ai l’amour du métier. De plus, je ne triche pas dans ce que je fais. Lorsqu’on me donne un travail, j’y vais à fond. Nos superviseurs se sont rendu compte de cela », explique-t-il.

Impressionnée par sa motivation et ses résultats, l’ONG AIDA propose au jeune homme de suivre une seconde formation pour renforcer ses compétences dans la soudure. Sans hésitation et toujours avec énormément de détermination, Amadou accepte. Quelques mois après cette formation, il lance son entreprise de construction de puits, avec le soutien de l'ONG AIDA. Aujourd’hui Amadou a réalisé une vingtaine de puits entre le Sénégal et la Guinée-Bissau.

 Le jeune homme ne compte pas s'arrêter en si bon chemin. "À ce jour, j’ai construit une trentaine de mini-forages. Rien qu’à Kolda, j’en ai construit 20, sans compter les villages avoisinants. Aussi, je compte former d’autres jeunes afin qu’ils puissent assurer le travail à mon absence", détaille-t-il.

Cet article a été rédigé par Moustapha TALLA, Assistant projet OIM Sénégal.