« Je veux être considéré comme l’un des plus grands champions de l’entrepreneuriat local »
Tambacounda - En ce jour d’hivernage, Ousmane Traore se tient aux portes de son périmètre maraîcher à côté d’une flaque d’eau où de petits canetons s’abreuvent. Une tasse de café à la main, son sourire ne trompe pas quant aux prochaines récoltes.
Ousmane a quitté très jeune le domicile parental et a été éduqué par un de ses oncles. Les difficultés de la vie, l’ont poussé à ressentir une lassitude face à l'école qu'il abandonne très tôt.
Pour ne pas sombrer dans la délinquance, il entreprend d’aller retrouver ses parents biologiques qu’il apprend à connaître avec le temps : « Il fallait que je retourne chez moi, là où je suis né. Comme dit l’adage, pour savoir où l’on va, il faut savoir d’où l’on vient », déclare Ousmane qui dans un coin de sa tête rêvait aussi de migrer vers l’occident.
Pour accomplir son projet, il se lance dans la vente de chaussures. C'est ainsi qu'il parvient à financer son voyage vers l’Europe en 2018.
Passé par le Mali, puis l’Algérie, il parvient à atteindre le Maroc. Là-bas, il entreprend à nouveau dans le commerce de produits agroalimentaires ou vestimentaires provenant du Sénégal. Il vend aussi bien de la semoule de mil, de la poudre de Gombo, les chaussures en plastique, que des grands boubous Sénégalais. Il engrange ainsi beaucoup de revenus.
C’est d'ailleurs grâce à cette activité, qu'en 2020, il prend conscience de la possibilité de réussir dans l’entrepreneuriat. Sans tarder, il décide de retourner dans son pays d’origine, le Sénégal, afin de relancer ses activités laissées en suspens. Il entre alors en contact avec le bureau de l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) au Maroc qui lui fournit une prise en charge pendant deux mois en plus de formations certifiées en entrepreneuriat et en commercialisation de produits. Il bénéficie ensuite de l’aide au retour volontaire par le biais de l’Initiative Conjointe UE-OIM pour la protection et la réintégration des migrants.
Le financement que reçoit Ousmane une fois au Sénégal, lui permet de se lancer dans l’embouche ovine. Il élève désormais des moutons qu’il revend pendant la fête de la Tabaski. Cette activité est florissante lui permet de mettre en place un petit jardin maraîcher non loin de chez lui ainsi qu’un poulailler en impliquant sa famille et quelques membres de sa communauté d’origine. Chaque fin d’année, grâce au maraîchage et à l’élevage de poulets de chairs, le jeune homme épargne entre 400 000 à 500 000 francs.
Aujourd’hui, ses affaires marchent et lui permettent de satisfaire ses besoins quotidiens ainsi que ceux de sa famille.
« Chaque jour, je suis gonflé à bloc et motivé à aller travailler parce que je maîtrise et j’aime ce que je fais. Les formations que j’ai suivies m’aident beaucoup », dit-il, l’air fier.
En 2022, Ousmane a été sélectionné pour bénéficier du projet « consolidation des acquis en matière de réintégration des personnes migrantes de retour au Sénégal » mis en œuvre par l’OIM à Tambacounda. Malheureusement, au moment du démarrage, il était injoignable et se trouvait dans une zone non couverte par le réseau téléphonique. En effet, Ousmane a l’habitude de se rendre dans des zones très reculées pour acheter de la paille d’arachide en grande quantité et la revendre dans d’autres régions du Sénégal. Cette activité qu'il mène depuis son retour est également très rentable.
Pour autant, Ousmane, ne compte pas s’arrêter en si bon chemin : « Aujourd'hui, mes activités marchent bien. C’est pourquoi, je veux être vu comme l’un des champions de l’entrepreneuriat local et servir de modèle pour inciter les jeunes à travailler et à réussir chez eux ».
Ousmane garde toujours les yeux rivés sur son objectif. Photo : OIM Sénégal 2022
Cet article a été écrit par Alioune Bousso BALDE, assistant de projet senior en communication au Sous bureau Tambacounda.